i je venais te voir en vélo la semaine du 2 juin ? » Voilà l’idée qui me traverse l’esprit lorsque ma sœur, à Toulouse, accouche le 25 mars d’un petit bout que je n’aurai pas le loisir de rencontrer tout de suite. Assise à mon bureau, quotidiennement, comme si rien n’avait changé, je scrute l’actualité, j’essaie de me concentrer sur ces bouquins que je n’avais pas eu le temps de lire, qui viendront (j’en suis certaine) enrichir mes interventions, je participe à des formations en ligne pour occuper le silence de ce téléphone professionnel qui s’est mis en veille. Le réveil à 6h30 n’a pas cessé : il n’est pas question de se relâcher, j’ai tellement de choses à (ne pas) faire ! Le déni est de courte durée, je réorganise mon quotidien : et si je profitais de ce temps ? Réveil 7h, sport pendant 1h – à la maison ou sur les 1km autorisés – , cuisiner, bricoler, coudre, réparer … il y a eu un changement de rythme. Ce rythme s’appelle CONFINEMENT. Ce mot a raisonné comme un cataclysme pour mon activité professionnelle… et sportive ! mais n’est-ce pas un luxe de parler de compétition dans ce contexte ? 

 Et puis il y a eu les larmes de ma sœurette. Seule dans sa chambre d’hôpital avec son nouveau-né. Un joli bébé qui n’a connu son papa que 8 jours plus tard, une tristesse qui me touche, nous aurions aimé partager tout ça en famille… 

Alors un jour, assise sur ma terrasse, mon verre de Perrier citron à la main, le soleil marseillais me berçant, les jours se rallongeant agréablement, l’actualité annonce une sortie possible le 2 juin des 100 km. J’ai un déclic : « Et si je venais te voir en vélo la semaine du 2 juin ? »

L’activité professionnelle a repris depuis début mai, je n’aurai donc que 3 jours pour parcourir 400km à vélo de Marseille à Toulouse, du 13 au 31. Il n’y a pas d’exploit ici : j’ai envie de prendre mon temps et de vivre une expérience de liberté … en roulant !

Qu’est-ce que m’apportent ces voyages et aventures sportives en itinérance ?   Et quel lien avec une lecture professionnelle ? avec mon job? Et bien…

Et pendant ce périple de 18 heures de vélo de route, entrecoupées de pauses photos, de repas affamés et de nuits courbaturées, de voitures qui te font basculer dans le fossé, de pneus crevés, de sacoches qui se décrochent du vélo alors que tu es à 45 km/h en descente, du porte-bagage qui se dévisse, du chemin en terre que tu n’avais pas vu sur la carte…

J’en retiens quelques pensées que je vous partage :

  1. Les imprévus peuvent être prévisibles ! J’étais fière d’arriver à réparer mon vélo et d’avoir pensé à emmener les outils. En réalité soyons honnête : et si j’avais mieux préparé le matériel avant le départ…. ? L’imprévu serait simplement devenu un risque anticipable !
  2. Il y a toujours une solution à tout : plus vous garderez votre calme, plus les évènements se gèreront simplement ! c’est le principe de la psychologie positive (il vaut mieux être positif dans ce genre d’aventure !)
  3. J’avais cuisiné un gâteau de ravitaillement « choco/ noix de macadamia » pour ces trois jours. C’était tellement bon que j’ai tout mangé le premier jour… C’est balo : penser à moyen long terme plutôt qu’au résultat immédiat !
  4. Les dents c’est comme les mains : si tu les laves pas avant le repas, t’étonnes pas d’avaler des moucherons qui ont apprécié ton sourire ! Le sourire, c’est la vie !
  5. Marseille-Toulouse à vélo, l’itinéraire me faisait fanstasmer depuis que j’habite le Sud-Est. On m’a toujours dit que les fantasmes n’avaient pas vocation à se réaliser. Maintenant je sais pourquoi ! Mais si je ne l’avais pas fait, j’aurais regretté ! Transformer les rêves en projets.
  6. J’ai voulu abandonner les sacoches qui me servaient de bagages. Dorénavant je regarderai les tortues différemment, avec admiration. S’alléger des choses inutiles pour avancer…au sens propre comme au figuré !
  7. J’ai voulu économiser de la place j’ai enlevé un short de nuit. Erreur. Quand tu dors tout nu, les moustiques s’éclatent à te piquer les fesses, juste au niveau des coutures de ton cycliste. Apprendre à dissocier l’important du futile 
  8. J’ai pesté après le vent. Tellement qu’à un moment il s’est arrêté. J’ai aussitôt pris un coup de chaud et de déshydratation. Et une heure plus tard, la pluie. Apprendre à apprécier le présent avant de vouloir que ça change tout de suite…
  9. Si tu crois que les gens t’admirent quand tu roules, détrompes-toi. La petite fille d’un restau un midi me l’a rappelé : « Maman elle sent vraiment pas bon la dame. Et sa mère : « Mais non ma puce, elle fait du vélo! La petite  » Maman, tu m’achèteras jamais un vélo alors! » Ne demande pas l’avis aux autres pour savoir si ton projet est bien. Il n’est bien que parce que tu l’as décidé.
  10. Ce n’est pas la selle du vélo qui m’a fait mal aux fesses. A un moment, je pensais que la couche de mon cycliste, la partie rembourrée du short de vélo qui t’assure une assisse confortable, avait fusionné avec mes fesses tellement c’était imprégné et m’irritait. Aussi, je me demande si les cyclistes nudistes ne sont pas mieux lotis ? Un bon matériel est toujours le Ba-ba d’une longue aventure !
  11. Je comprends pourquoi je croise si peu de femmes en vélo. J’ai regardé mes traces de bronzage. Vais-je oser aller à la plage ? …. Se libérer du regard des autres.
  12. Quand ton compagnon est militaire et actuellement en mission au Mali. Il est inquiet pour toi et te demande de faire attention à toi. Tu lui réponds en te moquant  » mais je ne risque pas ma vie, il n’y a pas de danger! ». Bon en fait, il te connaît, c’est tout.  Accepter les conseils de ceux qui te connaissent…
  13. A la pharmacie, j’achète une crème pour les frottements. Le pharmacien me dit que la « couche » de mon cyclise n’est peut-être pas adaptée aux longs parcours. Une petite mamie derrière moi dans la file, masque sur le visage, me tapote l’épaule, et me dit que la couche qu’elle utilise est très confortable et qu’elle me la recommande. Les anciens ont l’expérience !
  14. A 100km de mon objectif, quand je commence à fatiguer un peu, me demandant pourquoi je me lançais des défis à la c**. Le meilleur pizzaiolo du monde (oui quand tu as faim, tout devient exceptionnel !) te demande : « Tu voyages seule? A vélo ? Waouh c’est fabuleux ! incroyable !»
    Moi « Non faut pas exagérer, il n’y a rien d’exceptionnel »  L’estomac plein et le sourire aux lèvres, je repars plus motivée que jamais.  S’entourer de moments de reconnaissance positifs. Même d’un inconnu !
  15. Un constat : le vent n’a jamais été dans le bon sens. De face ou de côté. Est-ce un symbole ?!!Tu trouveras toujours une bonne raison de ne pas aller au bout. Et une seule de continuer. C’est cette raison là qu’il faut écouter.

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