Article - Mélanie Egalon - vendredi 7 mars 2025
Ces mécanismes inconscients qui influencent nos relations et nos décisions
Vous êtes en réunion avec votre équipe et, une fois n’est pas coutume, Leana passe un temps fou à revoir pour la é-nième fois les détails du diagnostic que vous devez rendre à votre client, Pedro peine à exprimer son point de vue de peur de déplaire, tandis Laura veut aller vite et coupe la parole pour accélérer la discussion, expliquanr que les détails ne sont pas importants. Vous décidez de reprendre vous-même le dossier et de rester ce soir, estimant que c’est de votre responsabilité.
Vous avez certainement déjà vécu des réunions qui ressemblent de près ou de loin à celle-là ?
Ces réactions sont le propre de la vie d’équipe, où chaque personnalité s’exprime de façon différente et apporte sa part au collaboratif. La plupart du temps, l’équipe atteint ses objectifs… mais au prix d’efforts important et au détriment d’une efficacité qui dans le temps, peut créer des tensions.
J’accompagne depuis plus de 12 ans de nombreux managers et de nombreuses équipes, de tout type d’organisations. Pour une grande majorité, ces équipes sont composées de personnes compétentes et impliquées… pourtant il arrive qu’elles rencontrent de façon cyclique ou temporaire, des difficultés dont elles peinent à sortir.
Ma mission consiste généralement à les aider à comprendre leurs modes de fonctionnement et leur façon d’interagir.
Dans cet article, je vous propose une clé de questionnement simple mais pas simpliste pour interroger les dysfonctionnements qui peuvent interférer dans l’efficacité d’une personne ou d’une équipe ou dans sa façon d’interagir avec les autres.
Dans l’ensemble des approches théoriques et méthodes pratiques sur lesquelles je m’appuie, l’Analyse Transactionnelle (AT), développée par Éric Berne dans les années 1950 propose une lecture des comportements humains à travers les états du moi (Parent, Adulte, Enfant) et les injonctions reçues durant l’enfance. Ce que j’aime dans cette approche, c’est le fait d’envisager nos comportements comme quelque chose de mouvant, contextuel, en évolution, et non comme un état permanent. Dans cette approche, il faut ainsi envisager que nous ne sommes pas catégorisés de par nos personnalités mais nous allons challenger nos façons de décider, agir et communiquer de façon systémique et stratégique, c’est-à-dire comprendre nos interactions dans un ensemble relationnel afin d’ajuster consciemment notre communication et nos comportements pour améliorer les dynamiques et la performance collective.
Les drivers, ces petites voix qui vous veulent du bien
Dans les années 1970, Taibi Kahler, disciple d’Éric Berne, a approfondi les travaux d’Eric Berne en définissant la notion des drivers, ou messages contraignants. Il définit comme drivers ces petites voix intérieures issues de notre éducation, de notre environnement social et culturel.
Ces messages nous ont guidés dans notre construction personnelle et continuent d’influencer nos perceptions et nos comportements de manière automatique, parfois sans que nous en ayons conscience.
T. Kahler a identifié cinq drivers principaux :
- « Sois Fort » : Valorise l’autonomie et la résistance, mais peut conduire à une difficulté à exprimer ses émotions et à demander de l’aide.
- « Sois Parfait » : Pousse à l’excellence et à la rigueur, mais peut engendrer une exigence excessive et une peur de l’erreur.
- « Fais Plaisir » : Favorise l’harmonie relationnelle, mais peut mener à une tendance à s’oublier pour répondre aux attentes des autres.
- « Fais des Efforts » : Encourage la persévérance et la détermination, mais peut rendre difficile la satisfaction et la reconnaissance des réussites.
- « Dépêche-toi » : Stimule la rapidité et l’efficacité, mais peut provoquer un stress constant et une précipitation nuisant à la qualité.
A titre d’exemple, l’un des managers que j’accompagne, m’a avoué se reconnaitre dans les drivers « Sois fort » et « Fais plaisir ». Le premier reflète son besoin de gagner sa légitimité managériale et traduit sa croyance que, pour être un bon manager et susciter la confiance, il ne doit pas montrer sa vulnérabilité à son équipe. Le second driver exprime chez lui – et je reprends ses propres mots pour ne pas interpréter son « côté paternel, son envie que les personnes de son équipe se sentent épanouis ».
Il est facile de percevoir ce qui pourra être positif dans son travail, mais également freiner sa performance et celle de son équipe.
Aucun de ces drivers n’est bon ou mauvais. Chaque driver peut être moteur et peut être un levier puissant de motivation et de performance. Chaque driver peut être limitant, car il peut conduire à des automatismes contre-productifs, générant stress ou rigidité.
Prendre des décisions conscientes
Il n’y a donc pas de bons ou mauvais drivers. Tout est question d’équilibre ! Alors comment peut-on s’appuyer sur ces éléments pour accompagner une personne, un manager ou une équipe ?
Réfléchir sur les drivers et l’analyse des comportements automatiques doit nous permettre prendre des décisions conscientes et être capable d’adopter des comportements alignés avec ce que je suis, ce que je souhaite et ce que la situation requiert.
Lorsque je suis sollicitée pour un accompagnement, qu’il soit individuel ou collectif, notre collaboration va se structurer en 4 étapes :
- Identifier les mécanismes inconscients et reconnaître les influences automatiques qui guident les choix et les interactions.
- Éclairer les forces et les limites, pour mieux saisir de quelle façon ils aident les ou freinent les actions de la personne ou de l‘équipe.
- Prendre conscience des automatismes face aux situations et aux autres, afin d’analyser des pistes nouvelles.
- Transformer les drivers en moteurs positifs, en équilibrant les comportements pour plus de flexibilité, de bien-être et d’efficacité.

Des outils pédagogiques pour impulser le changement

Afin d’accompagner au mieux les transformations des personnes et des équipes, j’ai travaillé dans la conception d’outils pédagogiques :
- Un questionnaire d’auto-diagnostic permettant à chacun d’identifier ses drivers dominants et d’évaluer leur influence sur ses décisions, son mode de communication et sa posture professionnelle
- Un jeu de cartes ludo-pédagogiques pour explorer les drivers de manière interactive, favoriser les échanges et expérimenter des stratégies concrètes pour mieux se connaître et évoluer dans sa posture.
L’objectif de ces outils est pragmatique : transformer une simple prise de conscience en levier d’actions concrètes.
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