LA BLESSURE. Quand le corps et la tête décident de rompre. J’ai écrit cet article à l’issue de l’hiver 2019-2020, après une période de blessure de mon pied.
Trois mois d’arrêt du trail et de la course à pied… qui m’ont permis de faire le point ! En prenant plus de hauteur, de recul, de réflexion, le temps de lire et comprendre, j’ai compris que ce je vivais en tant que sportive, je l’avais déjà vécu également en tant que salariée et en tant qu’entrepreneur, autant qu’en tant que coach et formatrice dans l’exercice de mon métier. Les verbatims « charge mentale », « trop », stress, burn-out, rhume, fatigue, malade, fatigue, blessure nous rappellent notre vulnérabilité. Mais combien de fois faisons-nous le lien entre notre corps et notre esprit ?
Je vous propose ici un texte pour méditer sur le sujet. Bonne lecture !
Il y a crise dans mon couple ! Mon corps et ma tête ne s’entendent plus !
Après des années à fonctionner ensemble, quelque chose s’est cassé. Ils se sont impliqués très fort pendant si longtemps, qu’à force de se sentir négligés et d’accumuler les petites déceptions, ils ont cessé de trouver les ressorts pour faire face aux difficultés ensemble…
Et un jour apparut le clash : la blessure ! Alors je leur ai proposé de me raconter et de les aider à se réconcilier.
Mon corps et ma tête se disputent
[Ma tête] J’ai voulu t’emmener jusqu’au bout de ce que tu pouvais faire, je sais de quoi tu es capable ! Au début, tu étais d’accord d’ailleurs ! Ces mois durant, je ne voulais pas m’arrêter ! J’en avais besoin ! Courir, jouer, m’évader, m’entrainer, partager, me challenger, découvrir, succomber aux tentations, jouir des petits et grands plaisirs qu’offre cette sensation de liberté… cette année de courses, de trail, folle d’insouciance, de sentiment de surpuissance, d’aventures incontrôlées, de plaisirs furtifs ! Tu me répétais souvent quand nous étions seuls « Ca aussi, ça passera… ». Je ne comprenais pas le sens.
Ma tête fait la sourde oreille
[Mon corps] Je t’ai prévenu à de multiples reprises. N’as-tu donc pas senti ces petits signes, ces petites douleurs, ces alertes ? Tu me répondais toujours « ça ira mieux demain, après la prochaine course je freine le rythme » ! Je me suis lassé d’attendre tes innombrables promesses. Au début c’était une simple gêne, qui venait me visiter à la fin de l’entrainement, et disparaissait se faisant oublier. Mais au fur et à mesure, tu as insisté. Alors je t’ai envoyé ce message, la douleur. Elle, tu ne pouvais plus l’ignorer. Tu as pourtant essayé d’appliquer du froid à la fin des entraînements, tu mettais un anti-inflammatoire local, tu t’es même mis à faire des exercices d’assouplissement et de renforcement ! Mais tu es resté en surface et notre problème était plus profond ! Je ne t’ai peut-être pas assez exprimé assez tôt ce dont je souffrais, c’était peut-être top diffus au début, mais ne me connais-tu pas assez pour t’en rendre compte ?
[Ma tête] J’ai senti que quelque chose avait changé. J’ai essayé de l’ignorer. Et quand tu as commencé à crier, j’ai compris, mais il était trop tard.
[Mon corps] Mais je ne te parle pas que de moi ! Dans un couple, nous sommes deux ! Quand as-tu pris le temps pour la dernière fois de te poser et de te questionner ? Ne vois-tu pas qu’il y a autre chose ? Que ce message que je t’envoie, ce n’est pas moi qui l’aie créé, mais bien toi ! Je ne suis que le messager ! As-tu conscience que je ne suis que le reflet de tes besoins ? De tes manques ? De tes questionnements face à l’existence ! J’ai le sentiment qu’une distance s’est creusée entre ce que tu voulais faire et ce que je pouvais réellement te donner…
[Ma tête] Oui je le sais… mais tu ne sais pas ce que c’est toi ! La vie n’est pas toujours facile, le stress au travail, la famille à gérer, le temps qui passe trop vite, courir était mon remède ! Et cette pression sociale ! Les réseaux sociaux, tes collègues de course, tes amis ! Tous admiratifs ! Et le jour où tu ne cours plus, est-ce que tu existes encore ?
[Mon corps] « ça aussi, ça passera… »
[Ma tête] J’ai donné plus d’importance au regard des autres que le regard que tu me portais toi…et que je me portais moi-même !
[Mon corps] T’es-tu déjà demandé pour quoi tu cours ?
Il n’y a pas de temps perdu, il n’y a que du temps vécu
[Ma tête] « Notre saison est terminée ! C’est fini ! Nous ne pouvons plus courir ! Qu’allons-nous faire ? Combien de temps cela va durer ?
[Mon corps] Patience mon amour… Pourquoi ne profitons-nous pas de ce temps pour nous réconcilier ? Nous avons besoin d’une pause ! Profiter de ce temps pour faire autre chose ? Découvrir de nouveaux plaisirs, de nouvelles sensations, rencontrer de nouvelles personnes, élargir nos horizons ! Faire ce que nous ne pouvions pas faire avant ! Pourquoi pas essayer d’autres activités sportives ?
[Ma tête] A la condition que tu prennes du temps pour te soigner et prendre soin de toi !
[Mon corps] Oui bien sûr, mais je ne saurai le faire sans toi, j’ai besoin de ton aide, ne l’oublie pas.
Réconcilier ma tête et mon corps
[Ma tête] Je suis prêt à faire tous les efforts pour arranger la situation…
[Mon corps] Nous devons construire nos projets ensemble, nous formons une équipe ! Nous devons faire preuve de plus d’empathie l’un envers l’autre. Quelles sont nos attentes, quels sont nos besoins ?[Ma tête] Je comprends et je suis d’accord. Bientôt viendra le temps de la reprise… J’angoisse tellement, on a tout perdu ! Pourtant j’ai bien compris ce que tu m’as dit, et j’ai très envie que ça fonctionne toi et moi ! Alors comment va-t-on retrouver notre niveau ? Tu as le souffle court, ton rythme cardiaque est devenu fainéant, tes muscles sont capricieux !
[Mon corps] ça aussi, ça passera…
Dénouement
La vie de couple demande beaucoup d’adaptation et de compromis.
Mon corps et ma tête formaient un duo imparfait, qui ne comblait pas tous les espoirs ou les objectifs qu’ils s’étaient fixés. Et ils n’échangeaient pas assez.
Ma tête en était la principale responsable même si mon corps aurait pu l’aider davantage…
Une blessure ou une maladie arrive-telle par hasard ?